Aujourd’hui, le virage numérique semble incontournable pour réussir. Il y a dix ans, nous n’avions pas tant d’applications mobiles ni de réseaux sociaux et l’usage des e-mails était limité. La nouvelle génération technophile et les nouveaux canaux numériques ont positivement impacté la communication.
Même si cela implique de changer les entreprises du sol au plafond, le temps est venu de penser différemment l’organisation informatique, mais aussi la manière d’intégrer proprement les processus pour construire sur le passé un futur numérique dit « bimodal » – où les technologies anciennes et nouvelles fonctionnent en harmonie.
L’ADN du numérique
Passer au numérique ne veut pas forcément dire aller dans le cloud ou adopter une autre technologie nouvelle, c’est un changement sociologique des mentalités sur la place de la technologie dans l’activité de l’entreprise. Bien pensée, l’informatique sort de son statut de centre de coût pour incarner un réel changement pour l’entreprise.
Voici les cinq éléments clés à cette mutation :
– Social : sans forcément ouvrir un compte Twitter ou Facebook, devenir sociale pour une entreprise signifie réfléchir aux interactions avec le client et les améliorer.
– Mobile : cela ne veut pas dire proposer une application mobile, mais plutôt réfléchir à sa position sur des sujets « bring your own device »/ »choose your own device », aux services actuellement proposés et à la manière de les améliorer pour interagir avec le client.
– Big data et analyse : changer sa connaissance du comportement du client et sa capacité à réagir à ses besoins, en construisant des modèles de comportement. Cela permet de réagir en temps réel, pour plus d’efficacité.
– Technophilie : les nouvelles technologies ne sont plus l’apanage du service informatique. Une émulation se crée, de nouvelles idées émergent. Par exemple, même si Box ou Dropbox n’ont pas été retenus par le service informatique, ils s’imposent dans les usages, n’importe quel utilisateur sachant l’installer s’il en a besoin. Ceci implique de mettre en place de bonnes pratiques pour que l’informatique garde une longueur d’avance.
– Le Cloud : passer au numérique ne veut pas dire tout mettre dans le cloud. Le cloud est un facilitateur, une technologie qui complète ou remplace les pratiques actuelles et les rend plus efficaces. C’est pourquoi le numérique est davantage une révolution sociale que technologique, nécessitant une mise en contexte. Par exemple, de grandes plateformes ne peuvent être simplement enlevées et remplacées par le cloud, il faut une approche pragmatique pour avoir une bonne vision des bénéfices.
Le Gartner qualifie cette transformation ou cette révolution comme un passage d’un ancien à un nouveau modèle informatique, le « Mode 1 » étant l’ancien/ITIL, le « Mode 2 » étant le nouveau/numérique. La réalité est que le numérique est incontournable – les entreprises doivent évoluer pour se maintenir. Il est désormais primordial de construire une nouvelle façon de fournir des services et de promouvoir un avenir numérique bimodal. Ceux qui ne prendront pas la tête de ce mouvement devront lutter pour leur survie alors que des concurrents tenteront de leur prendre des parts de marché.
Réagir et s’adapter
Il serait trop simpliste de penser en termes d’ancien (les systèmes hérités et existants) et de nouveau (la volonté de changer). Il faut toujours se demander quels seront les bénéfices pour l’entreprise. Le passage au cloud ne doit pas être vu comme la panacée suprême et même, certains services de cloud computing que vous contrôlez peuvent déjà être considérés comme anciens et éléments constituants d’une informatique bien établie. Le cloud doit être vu comme un facilitateur pour les outils et services lorsqu’il est approprié de l’utiliser.
Prenez l’exemple d’Uber et sa belle croissance dans un laps de temps court. Uber a pris de nombreux risques pour occuper la place qui est actuellement la sienne. Imaginez le changement : décider de s’affranchir des voitures et les remplacer par une application ! Beaucoup d’entreprises seraient incapables de remettre leur modèle à plat, comme ici, c’est plus risqué que ce que peuvent supporter la plupart des actionnaires.
Cependant, les entreprises doivent commencer à se poser la question : y a-t-il un risque de me faire uberiser et comment puis-je m’y préparer ? Elles doivent construire un plan qui permette à de nouveaux services et de nouveaux modèles de voir le jour, tout en conservant l’existant et en le faisant évoluer.
La clé de toute transformation technique d’une activité est l’intégration et le contrôle. C’est essentiel pour permettre aux entreprises de consolider, de migrer et de construire pour le futur en intégrant ce qu’elles possèdent, avec ce qu’elles désirent, et ce qu’elles ne connaissent pas encore, dans une infrastructure informatique mondiale intégrée.
Publiée le 28 octobre 2016 par LesEchos.fr