Cadre et Dirigeant Magazine

La pandémie de COVID-19 a bouleversé le monde du travail. L’informatique a été mise sous pression pour que chacun puisse rester connecté et que l’entreprise puisse continuer son activité. Avec ce passage soudain au travail à domicile imposé par les mesures de confinement, les organisations ont été confrontées à de nouveaux défis. Parmi eux, le besoin d’un plus grand nombre d’outils de collaboration, la maintenance d’un bon niveau de performances réseau pour la bonne exécution des applications cloud, alors que les menaces étaient croissantes pour la sécurité informatique.

Les professionnels de l’IT ont su relever ces nouveaux défis

Les professionnels de l’IT se sont montrés à la hauteur de la situation et ont su relever nombre de ces défis. Cependant, les entreprises ne peuvent pas se reposer sur leurs lauriers – la nouvelle main-d’œuvre hybride qui émerge de la pandémie apporte avec elle une nouvelle série de complexités. Une étude d’IDC ayant révélé que plus de la moitié des travailleurs prévoient de continuer à travailler à distance ou d’adopter une approche hybride après le COVID-19, les réseaux devront être configurés pour s’adapter à cette nouvelle façon de travailler. Leur flexibilité, la sécurité axée sur les terminaux et l’optimisation des performances des applications seront d’une importance capitale dans ce nouveau modèle de main-d’œuvre hybride.

Avec cette évolution, l’objectif des réseaux d’entreprise doit être d’optimiser la productivité des travailleurs où qu’ils soient. Entre une bande passante évolutive et des fonctions de continuité d’activité, le réseau adapté à un modèle de travail hybride doit pouvoir aussi bien répondre aux besoins des employés qui retournent au travail qu’à ceux qui travaillent à distance, avec la capacité nécessaire.

En écoutant les premiers retours de nos clients, nous entendons les principales craintes des chefs d’entreprise quant à la planification des ressources IT pour cette nouvelle façon de travailler. Il faut adapter les réseaux à ce que leur activité sera dans le futur.

La flexibilité est un impératif

Durant la pandémie, les entreprises ont dû s’adapter en permanence à une situation en constante évolution. En parallèle, les réseaux ont dû faire avec des volumes de trafic sans précédent alors que les visioconférences via Zoom et Teams devenaient la norme. Les données d’Eurofound (2020) ont montré que près de 40% des personnes travaillant dans l’Union Européenne ont commencé à travailler à distance à temps complet en raison de la pandémie. Dans le même temps, une étude du Pew Research Center portant sur près de 6 000 travailleurs américains a révélé que seules 20 % des personnes interrogées dont les fonctions pouvaient être exercées à distance avaient travaillé à domicile tout le temps ou la plupart du temps avant l’épidémie de COVID-19 ; au milieu de la pandémie, ce chiffre était passé à 71 %, 54 % indiquant qu’ils aimeraient être principalement à distance lors du retour à la normale.

En parlant avec les clients, il est clair que la majorité espère ne pas retourner à 100% au bureau. Que ce soit dans un institut de recherche scientifique ou dans une grande multinationale, le travail hybride est à l’ordre du jour.

Cependant, afin de faciliter ce qui est devenu la nouvelle norme, il faudra régler certains problèmes potentiels au niveau du réseau. Ne pas le faire pourrait entraîner des pannes coûteuses qui non seulement nuiraient à la productivité en déconnectant l’entreprise ou les employés, mais pourraient également nuire à la réputation de l’entreprise. Récemment, nous avons eu un aperçu de l’impact que cela peut avoir lorsque certains des plus grands sites Web mondiaux, dont Amazon, Reddit et Twitch, sont tombés en panne, faisant la une des journaux du monde entier.

La priorité des opérateurs de réseaux est désormais de s’assurer qu’ils peuvent gérer l’évolution du trafic. La capacité d’affecter des priorités au trafic sur les réseaux sera essentielle pour garantir une utilisation optimale de la bande passante. Une approche du réseau définie par logiciel (SD-WAN) et une fonctionnalité de cogestion dans le portail client seront cruciales à mesure que les entreprises passeront au travail hybride. L’adoption de ces technologies apportera plus d’agilité, de résilience et de fiabilité, tout en permettant de hiérarchiser le trafic vers les applications clés, telles que la vidéo, et de se connecter en toute sécurité à Internet pour accéder aux SaaS et aux applications dans le cloud.

Que font ceux qui sont en première ligne ?

En mars de cette année, nous avons organisé une réunion virtuelle avec les principaux décideurs informatiques de 13 entreprises afin de connaître leurs plans de connectivité pour l’après-COVID. Si les tactiques diffèrent légèrement d’une entreprise à l’autre, les stratégies globales sont les mêmes, avec un besoin fondamental d’investir dans la connectivité pour assurer une transition parfaite vers un futur travail hybride productif.

Lors d’un entretien avec un responsable informatique d’un des quatre grands cabinets comptables, celui-ci a indiqué qu’il n’était pas question de réduire la connectivité des bureaux lors de la transition vers le monde post-COVID. Au contraire, ils veulent offrir une bonne expérience hybride, en la rendant fluide, de sorte qu’il n’y ait pas de différence entre les employés au bureau ou à distance.

De même, un client d’une compagnie d’électricité britannique a indiqué que son objectif était de rendre les réunions plus personnelles qu’elles ne le sont actuellement, en apportant des changements tels que l’augmentation de la capacité des VPN.

Cependant, la sécurité suscite des craintes. Un décideur informatique senior d’une société de conseil a indiqué que la sécurité était un problème majeur aujourd’hui, avec l’adoption d’applications SaaS, autorisées ou non. C’est là que le concept émergent de Secure Access Service Edge (SASE) entre en jeu. Le SASE consiste à prendre des plates-formes de réseau d’entreprise plus agiles, comme le SD-WAN, et à y intégrer des fonctionnalités de sécurité supplémentaires qui vont au-delà des firewalls de nouvelle génération pour inclure des outils de sécurité plus complets basés sur le cloud et plus directement liés à l’utilisateur individuel. Cette approche s’efforce d’intégrer tous les aspects de la mise en réseau et de la sécurité, afin de minimiser les failles de sécurité et de maximiser les performances tout en améliorant la visibilité et l’efficacité du réseau.

Les principaux points à retenir

Il ressort clairement de nos conversations avec les responsables informatiques que les entreprises sont en bonne voie dans leur planification de la main-d’œuvre hybride. Plusieurs exigences notables vont orienter les stratégies de mise en réseau :

– la collaboration
La visioconférence a permis aux employés de rester en contact pendant la pandémie, et tout s’est déroulé virtuellement, du pot après le travail aux réunions du conseil d’administration. Le besoin d’outils de collaboration est appelé à perdurer, car les entreprises réduisent leurs frais de déplacement et les employés changent de comportement. Avec l’avènement de la main-d’œuvre hybride, les employés resteront relativement dispersés entre le domicile et le bureau ; il faudra donc prendre en charge un mélange de réunions en personne et virtuelles.

La demande de plates-formes de collaboration numérique sollicitera davantage les réseaux d’entreprise. Si tous les membres d’un réseau participent simultanément à une visioconférence, la plate-forme risque de tomber en panne. D’où la nécessité potentielle de mettre à niveau la bande passante pour garantir une connectivité Internet sécurisée de haute qualité sur les lieux de travail.

Le Cloud
Le cloud a été une bouée de sauvetage pour de nombreuses entreprises pendant la pandémie. Les employés ont pu accéder en toute transparence aux données de l’entreprise et partager des fichiers avec d’autres employés, des clients et des partenaires quelle que soit l’heure et où qu’ils soient. Toutefois, le recours accru au cloud va de pair avec la nécessité de disposer d’un accès Internet sécurisé pour les bureaux et d’une technologie de réseau définie par logiciel pour permettre l’optimisation des performances des applications.

Le SD-WAN permettra de hiérarchiser le trafic et de s’assurer que la bande passante est allouée de la manière la plus optimale. Cette capacité à prioriser le trafic sur les réseaux permet de s’assurer que la croissance de l’utilisation des plateformes de cloud computing ne dépasse pas la disponibilité de la bande passante au point que les applications fonctionnent lentement, voire se plantent.

La Sécurité
Le contexte de cybermenaces croissantes a élevé la sécurité au rang de priorité absolue pour les responsables informatiques. Selon les estimations du Forum économique mondial, les cyberattaques ont augmenté de 238 % au niveau mondial entre février et avril 2020, au début de la pandémie mondiale. L’extension du périmètre du réseau et les nouvelles technologies de sécurité basées sur l’identité et orientées vers l’accès imposent une plus grande attention dans le cadre d’une stratégie informatique globale de l’entreprise. Les employés travaillant à distance ne sont pas protégés de la même manière qu’ils le seraient dans un environnement LAN de bureau typique. Les cybercriminels le savent et profitent pleinement de la situation. En conséquence, les cyberattaques ont atteint des niveaux record.

Les équipes informatiques doivent se concentrer sur les dernières techniques de sécurité basées sur la “confiance zéro”, c’est-à-dire l’accès au réseau par le biais d’une frontière d’accès logique basée sur l’identité et le contexte autour d’une application ou d’un ensemble d’applications, plutôt que la protection de l’accès par le périmètre du réseau lui-même. L’introduction de SASE fait progresser cette protection d’un cran. SASE traite l’entreprise comme un réseau distribué de connexions de terminaux. Les utilisateurs peuvent accéder à leurs ressources rapidement et efficacement, où qu’ils se trouvent. Dans le même temps, les responsables informatiques peuvent maintenir une approche de confiance zéro sur l’ensemble de leur réseau pour renforcer la sécurité des ressources informatiques et des données vitales de l’entreprise.

Conclusion

Le réseau a joué un rôle essentiel durant la pandémie en permettant à tout un chacun de rester connecté. Alors que les entreprises réfléchissent au bureau du futur, il est clair que le réseau va continuer d’être un organe vital de la stratégie IT appliquée au travail hybride. Un réseau avec plus d’intelligence en périphérie pour apporter plus de flexibilité, la capacité à prioriser le trafic et une sécurité intégrée seront clés pour garantir un bon retour au bureau à des employés qui ont appris à travailler désormais différemment. Les entreprises devraient adapter leur approche réseau à ce nouvel environnement distribué si elles veulent éviter de mettre en péril la productivité des employés et la sécurité de leur activité.

Publié le 6 octobre 2021 par Cadre et Dirigeant Magazine