Tribune de Laurent Kupersztych, Consultant Technique chez CDNetworks,
proposant 5 conseils pour les entreprises ayant investi pour une présence Internet en Chine, afin que leurs efforts marketing soient récompensés par une bonne visibilité auprès des internautes chinois.
Alors que la France est le deuxième exportateur européen en Chine derrière l’Allemagne, nous avons du chemin à parcourir pour égaler notre voisin germanique. La France, pays du luxe et de la gastronomie, a sa carte à jouer, mais pour s’imposer sur l’Internet en Chine, plusieurs obstacles sont à surmonter car l’Internet, depuis l’occident, n’est pas très fluide pour les internautes chinois.
Par exemple, nous avons réalisé une étude sur la performance des sites Internet de quelques 1800 marques européennes en Chine. Elle a révélé que 85% des marques ne pouvaient tirer profit de leur présence en ligne en Chine à cause d’un site trop lent. Le problème se répercute également sur les applications et logiciels utilisés en Chine et hébergés en France.
Un site Internet ou une application visionnés en Chine et hébergés en France doivent parcourir une longue distance qui augmente le temps de chargement des pages. A cela s’ajoutent non seulement le filtrage des contenus exercé par le gouvernement chinois pour ne pas exposer ses concitoyens à des informations non-homologuées par le régime, un processus qui ralentit encore l’affichage, mais aussi la qualité de la connectivité dans le pays, si vaste que l’ensemble du territoire n’est pas couvert de manière homogène.
Et ce n’est pas tout. Voici la check liste pour une présence web efficace en Chine :
Avoir les bonnes licences
Tous les sites Internet ne sont visibles en Chine que s’ils ont souscrit à la licence Bei’an, et les sites d’e-commerce proposant un système de paiement doivent avoir la licence ICP en plus. Et d’autres licences viennent compléter la liste selon le secteur d’activité des entreprises. Sans elles, pas de site en Chine. Il est primordial de se renseigner pour être à jour sur le plan juridique car la moindre petite erreur est fatale, mettant le site sur une liste noire des sites bannis, et cette sanction est irrévocable. C’est pourquoi les entreprises voulant s’imposer sur le web en Chine doivent impérativement avoir recours aux conseil d’un spécialiste du marché chinois, tester la performance de leur site en Chine et revoir leur contenu en profondeur pour l’adapter aux contraintes et habitudes locales.
Soigner le temps de chargement de son site
L’un des défis de tout site web est son temps de chargement. La latence est proportionnelle à la distance parcourue par les données entre le serveur d’hébergement et l’internaute. Ce qui ne plaide pas en faveur des sites occidentaux, qui, en plus, sont filtrés par le Grand Firewall du gouvernement chinois, ce processus ajoutant encore un peu plus de latence.
Et dans le même temps, les internautes, eux, n’ont plus l’habitude d’attendre. Impatients, ils changent de site au bout de quelques secondes, dès qu’un ralentissement survient. Or, selon une récente étude menée en Chine, les sites occidentaux prennent en moyenne 30s pour se charger. Nous conseillons fortement aux entreprises de tester leurs temps de chargement en Chine pour prendre conscience du phénomène et le corriger si besoin.
Favoriser un hébergement local
Beaucoup d’entreprises tentent de résoudre le problème de la latence en hébergeant leurs données à Hong Kong, mais Hong Kong est de l’autre côté du Grand Firewall et les sites qui y sont hébergés subissent toujours le filtrage du gouvernement. Nous conseillons donc d’héberger son site en Chine continentale et dans plusieurs villes chinoises afin de couvrir l’ensemble du territoire et palier aux problèmes de connectivité en même temps qu’aux problèmes de latence et de filtrage.
Sécuriser son site
Les attaques par déni de service distribuées (DDoS) sont une menace pour les sites Internet en occident comme en Chine. Nous recommandons de travailler avec un prestataire proposant une protection DDoS dans le cloud et possédant un grand nombre de points de présence (PoP) dans le pays afin de combiner une protection des serveurs DNS avec une absorption du trafic inhabituel, en le répartissant automatiquement sur les différents points de présence.
Nous conseillons également de choisir un prestataire proposant des services de sécurité cloud tels que la protection contre le piratage (injection SQL et détournement de sessions XSS), le détournement (scraping, spams et faux comptes). Le mieux serait qu’il assure également la protection DNS, et utilise des pare-feu applicatifs web basés sur le comportement, des boucliers contre les attaques robots, un filtrage des adresses IP selon leur réputation, et qu’il soit conforme PCI pour garantir la protection des données de paiement, possède le certificat SSL et un système de gestion des droits numériques (DRMS).
Adapter le contenu
En raison de la lenteur d’affichage des sites en Chine, le mieux est de miser sur des pages à fort contenu textuel, pour que l’internaute trouve toutes les informations au même endroit, au lieu de naviguer entre plusieurs pages. C’est pourquoi il ne faut pas se contenter de traduire son site français et de faire un copier-coller pour le marché chinois. Ce qui est beau en France, avec des images, sera difficile à charger en Chine.
D’autre part, nous avons vu que le gouvernement filtre les contenus. Les réseaux sociaux tels que Facebook et Twitter sont bloqués en Chine et si une page web invite à aller sur ces réseaux, avec des icônes ou autres, elle sera bloquée. D’autres contenus peuvent être vus comme culturellement inacceptables et censurés par les algorithmes de contrôle, même par erreur. Un examen du contenu est donc fortement recommandé pour ne pas risquer la sanction.
Ce sont 5 conseils essentiels. La législation chinoise ne cesse d’évoluer et nous vous recommandons donc également de la surveiller de près afin d’être toujours conforme aux exigences juridiques du pays.
Laurent Kupersztych, Consultant technique chez CDNetworks
Publiée le 13 juin 2018 par Chine Magazine